La reprise de l’entraînement avait cette année un goût particulier pour Christophe Dominici. Devenu entraîneur des arrières du Stade Français, l’ancien international doit s’habituer à son nouveau rôle aux côtés d’Ewen McKenzie. Avec plaisir et ambition.
Christophe Dominici, quelle est votre première impression sur la reprise de l’entraînement ?
Très bonne, même si ça passe très vite. Quand on est joueur, on se languit que ça se termine et quand on est entraîneur, on n’a jamais envie que ça se termine. C’est différent, les rôles changent. A moi de m’y adapter le plus facilement possible.
Avez-vous eu de l’appréhension pour ces premiers jours ?
Il y en a forcément toujours un petit peu. Comme pour les joueurs, c’est une reprise pour moi aussi. Il faut s’adapter, prendre un petit peu de recul. Il y aura certainement un temps d’adaptation mais on va essayer de le faire le plus facilement possible. On sait très bien que c’est compliqué. Aux joueurs d’être intelligents et à moi de l’être aussi. Mais comme on a des joueurs intelligents, je pense que ça devrait aller.
Quel type d’entraîneur souhaitez-vous être ?
Je ne sais pas. Déjà, offrir des solutions aux joueurs, donner une réponse à chacune de leurs questions pour qu’ils se sentent le mieux possible. Que les joueurs soient parfaitement épanouis, qu’ils ne soient pas brimés. Essayer de donner beaucoup de volume au jeu et une parfaite liberté aux joueurs, avec des consignes assez souples mais en même temps avec beaucoup de rigueur entre eux. Et qu’ils soient exemplaires, parce que le rugby est tellement technique aujourd’hui que s’il y a un joueur qui s’oublie, c’est très compliqué de marquer des essais. Le tout dans un parfait état d’esprit.
« Juste un maillon de la chaîne »
Comment organisez-vous votre travail ?
L’analyse vidéo est importante. Je regarde ce qui a fonctionné les années passées, comment on peut déstabiliser l’adversaire le plus facilement possible. Avec un souci permanent de ligne d’avantage et de libération de balle la plus rapide possible. On va aussi essayer de s’adapter aux nouvelles règles, parce qu’on va moins taper au pied et notamment parce qu’on ne peut plus taper directement en touche à certains endroits du terrain. Si le ballon rentre dans les 22 mètres, on n’a plus le droit de taper directement en touche. Il faut y être, recevoir le ballon, pour pouvoir le faire. On a commencé par travailler les grands axes et ensuite on va bosser sur les spécificités des postes.
Avez-vous des modèles d’entraîneur en tête ?
Je ne sais pas si j’ai des modèles. On essaie de prendre ce qui se fait de mieux chez chacun des entraîneurs qu’on a eu et de laisser le moins bon. J’ai eu tellement de grands entraîneurs qui m’ont permis de gagner des titres et d’avoir une belle carrière. L’entraîneur, il est juste un maillon de la chaîne, il est rien sans les joueurs. Ce sont eux qui sont déterminants. A nous d’essayer de les mettre dans les meilleures dispositions mentales, pour qu’ils fassent de bons matchs.
Qu’allez-vous prendre de ces grands entraîneurs ?
Je le garde pour moi ! J’ai essayé de faire un amalgame de tout ce que j’avais connu de bon dans ma carrière, de laisser le négatif de côté même si ce n’est pas facile. Et je le répète, essayer d’apporter beaucoup de choses aux joueurs pour qu’ils se sentent bien, pour que l’équipe gagne. C’est ça le plus important.
« Aller tutoyer les meilleurs »
Avez-vous tourné la page ou est-ce que ça vous démange encore quand vous voyez le ballon ?
Je pense qu’il faut savoir tourner la page. A 36 ans, faire du rugby de haut niveau, c’est compliqué. C’est le corps qui dit stop ou l’envie tout simplement. A un moment donné, il faut savoir faire la part des choses. Maintenant, est-ce que ça me manquera ? Certainement. J’essaye de m’y adapter le plus vite possible. Je veux apporter toute mon expérience en tant que joueur et m’en détacher pour être un entraîneur convaincant. Parce qu’un entraîneur, il faut qu’il soit entraînant et convaincant pour ses hommes. Je vais essayer de l’être, notamment pour les arrières.
Etes-vous content du recrutement ? Est-il bouclé ?
Il faut demander aux personnes concernées. Le président a beaucoup travaillé, il est en vacances. Je pense qu’on peut engager deux joueurs supplémentaires, hors mutations. Aujourd’hui, ce n’est pas une priorité, peut-être que ça le deviendra. Il faut voir avec le président. L’effectif, malgré les blessés et l’absence des Argentins, devrait être très intéressant et très homogène.
Quels sont les objectifs du Stade Français cette année ?
Ne pas perdre un match, même pas au touché ! Non, l’objectif c’est bien sûr de reconquérir les titres, qu’ils soient européen ou national. Le Stade Toulousain a démontré son caractère l’année dernière, à nous de montrer le nôtre. Ils n’avaient rien gagné puis ils ont fait une finale européenne et ils ont été champions de France. A nous de faire aussi bien qu’eux, sinon mieux. Aller tutoyer les meilleurs.