Pour les derniers matches à Jean-Bouin de Galthié, Dominici et Skrela, le Stade Français n’a pas manqué ces adieux au public parisien en signant une large victoire (44-15) bonifiée qui permet aux champions de France de rejoindre Clermont et Toulouse en demi-finales.
L’émotion était partout samedi à Jean-Bouin où Christophe Dominici, futur retraité, David Skrela, en partance pour Toulouse, et Fabien Galthié, sur le départ en fin de saison, disputaient tous les trois leur dernier match dans l’antre des Parisiens. L’émotion et l’anxiété, celle de voir le Stade Français caler dans cette dernière ligne droite de la saison régulière à l’heure de valider un billet pour les demi-finales qui lui tend les bras depuis des semaines. Après deux piteux revers à Brive et à Auch, Max Guazzini, qui au retour du Gers, s’était fendu d’un SMS assassin: Honteux, envoyé à ses joueurs, guettait la réaction d’orgueil de sa formation après une semaine de stage dans les Pyrénées.
Qu’elle soit venue après avoir une fois encore frisé la correctionnelle face à une équipe castraise, bien décidée à jouer à fond sa dernière chance d’accéder aux demi-finales, ne fait que rajouter au bonheur des Parisiens capables sur la maîtrise d’un Lionel Beauxis, parfait relais de Juan Martin Hernandez forfait, et sur la fraîcheur de leur banc, de décrocher les cinq points d’une victoire bonifiée libératrice (44-15). Le Stade tiendra son rang en demi-finales aux côtés des Clermontois et des Toulousains alors que Castres, qui pourra regretter un réalisme défaillant, devra se contenter de la course à l’Europe.
Castres rate le coche d’entrée
Pourtant pas d’impasse au coup d’envoi à Castres où l’entame de match est tonitruante. Le CO affiche ses ambitions d’emblée mais manque de réalisme sur ces deux occasions franches d’essai, la première initiée par la charnière Lagardère-Tillous-Bordes mais mal conclue par Laloa Milford auteur d’un en-avant à quelques mètres de la ligne (4e) et la seconde sur une charge du centre Steve Kefu stoppé à un mètre de l’en-but (7e). La réaction attendue des Parisiens se fait attendre. Elle intervient toutefois sur une inspiration de Julien Saubade, suite à une bonne mêlée parisienne et un départ au ras de Simon Taylor qui permettent à l’ailier parisien d’attaquer et de se jouer de la défense castraise sur une superbe course croisée (7-0, 12e). Une première pénalité de Lionel Beauxis, titularisé à l’ouverture, aggrave le score. Le coup est rude pour des visiteurs bien mal récompensés de leurs intentions mais que la botte de Romain Teulet, impeccable pour sanctionner les nombreuses fautes parisiennes (15e, 20e, 25e), maintient au contact (10-9).
L’arbitre M. Darrière doit se multiplier dans un match de plus en plus haché par les fautes, où Beauxis et Teulet, redoutables d’efficacité, sont de plus en plus sollicités. Et tandis que Colin Gaston, côté castrais (30e), et Rodrigo Roncero, côté parisien (33e) sont exclus temporairement sur des fautes d’antijeu, les deux buteurs font feu de tout bois et à la pause, Paris n’a que quatre petits points d’avance (16-12) en dépit d’une belle occasion qu’Ignacio Corleto, bien lancé au pied par Jérôme Fillol dans la profondeur mais repris in extremis par Lagardère, ne peut concrétiser (37e).
Le Stade Français est prévenu, Castres cherche le gros coup qu’il ne veut pas avouer… Et la reprise d’une rare intensité des Tarnais ne trompe pas avec cette pression incessante qui, tout comme en première période, repousse Paris sur sa ligne. Mais aux mêmes causes les mêmes effets puisque c’est le Stade qui score sur une nouvelle pénalité de Beauxis (19-12, 48e).
Beauxis, bon pied, bon oeil
Paris ne parvient pas pour autant à décrocher son adversaire qui, sur un ballon contré de Beauxis par Lagardère, manque de réussite, le rebond du coup de pied à suivre de Tillous-Bordes étant défavorable à Milford en position d’essai (50e). Les joueurs de Galthié et Landreau jouent avec le feu, offrent trois nouveaux points à Monsieur 100%, alias Teulet (19-15, 52e) et manquent à leur tour de réussite sur un contre au pied de Fillol que Christophe Dominici, gêné par le retour du jeune ailier fidjien du CO, Neumi Nanuku, ne peut aplatir, la vidéo en apportant la preuve (55e).
Les intentions d’Alain Gaillard et de son staff sont claires avec l’entrée en jeu du capitaine et deuxième ligne, Lionel Nallet, au relais de Capo-Ortega (57e). Mais le capitaine des Bleus ne peut à lui seul cacher que son équipe cherche son second souffle, ce dont Paris profite pour créer l’écart (25-15) grâce au pied dominateur de Beauxis, énorme dans sa manière de soulager sa formation et auteur de deux nouvelles pénalités (60e, 65e). L’ascendant est pris et les champions de France en sont conscients, suffisamment pour mettre à profit une mêlée dans les 22 mètres adverses et porter, suite à une feinte de passe de Saubade, Boela Du Plooy en terre promise (30-15, 68e). Aussi inespéré que cela puise paraître, Paris n’est qu’à un essai d’un bonus essentiel puisqu’il lui ouvrirait les portes des demi-finales. Le carton jaune de Gerhard Vosloo pour une charge sur David Skrela, à peine entré en jeu (70e), doit lui faciliter la tâche. La fraîcheur d’un Mirco Bergamasco est fatale au CO qui concède à l’ailier italien un essai libérateur pour les Parisiens (37-15, 74e), dont la qualification en demi-finales sera confortée suite au doublé de Du Plooy (44-15, 78e). Jean-Bouin pouvait saluer ses héros le coeur léger…